J'ai une liste d'idées à mettre sur papier, 3 articles à terminer, des photos à télécharger. Mais depuis 3 semaines, je suis seule, et encore pour un p'tit bout ! JP, en tout bon marin, est quelque part entre le Canada et l'Écosse sur un navire canadien. Il ne reviendra que le 21 avril.
Je ferai mon possible pour vous partager quelque chose dans les prochains jours. Ce ne sont pas les idées qui manquent, mais bien le temps !
:-)
Jean-Pierre, Annie, Adam (5) et Madeleine (3). Du Québec au Pérou pour 2 ans avec Oxfam-Québec.
mercredi 23 mars 2011
mardi 1 mars 2011
Femmes, jeunes et hommes s’unissent contre la violence familiale
San Juan de Lurigancho (SJL) est le district le plus populeux de Lima et du Pérou, avec près de 1 million d’habitants. La grande majorité de sa population est constituée de migrants provenant des régions montagneuses; ils ont fui la guerre interne qui a fortement secoué le pays dans les années 1980-2000.
C’est impressionnant se promener dans ce district. Dans certains secteurs, on n’a pas l’impression d’être dans un bidonville puisque la société de consommation y fait aussi ses ravages: grands supermarchés du genre IGA, cinéma, McDonald. On se demande comment les gens font pour y consommer avec leurs bas salaires mensuels. On me dit que c’est une question d’apparence et de standing. En fréquentant ces endroits, tu sembles ne plus faire partie de la même classe sociale. Mais plus on entre dans le cœur des quartiers, qu’on se rapproche des « cerros » ou les maisons sont construites sur le flanc des collines sablonneuses et rocailleuses, on ressent la pauvreté qui peut être extrême (pas d’eau, pas d’électricité, pas de collecte de déchets). Précarité et promiscuité sont les deux mots qui me viennent à l’esprit pour décrire le style de vie de ces gens.
Photo prise en face du Centro Mujer |
Pauvreté dit violence, on le sait. Selon un rapport du Ministère de la femme et du développement social (MIMDES), on indique qu’au Pérou, 4 femmes sur 10 souffrent de différentes formes de violence familiale. Selon ce même rapport, ce taux augmente à 6 femmes sur 10 à SJL. C’est donc dans ce district que l’on retrouve la deuxième plus forte incidence de violence familiale au pays. Plusieurs seront surpris d’apprendre que les « champions péruviens » de la violence familiale se retrouvent dans la belle ville hautement touristique de Cusco! Nous y jetterons sûrement un regard différent lors de notre visite en mai.
Il y a différentes études qui ont démontré la relation qui existe entre le machisme et la violence familiale. Au Québec, le terme est relativement péjoratif, mais ici, ouf! J’ose écrire que c’est admis dans la société. Le machiste péruvien prône les idées conservatrices : refus à la femme du droit de travailler, de socialiser, de remplir dans la société des rôles traditionnellement dévolus aux hommes. Le machiste a le droit de chercher des aventures extraconjugales; la femme doit rester fidèle. Le machiste pense que la femme a été créée pour rester à la maison et jouer le rôle de mère et d’épouse. Tout ceci, selon le machiste, justifie et appuie la violence domestique.
Heureusement, il existe une organisation à SJL, appuyée par Oxfam-Québec, qui accueille et accompagne des femmes en situations critiques. Le centre les appuie et les outille pour les aider dans leur développement personnel, dans l’exercice de leur citoyenneté ainsi que dans leur désir de partir leurs petites entreprises d’économie solidaire.
Au Centro Mujer, les femmes viennent avec leurs enfants et peuvent rencontrer des psychologues et des travailleurs sociaux. Elles ont la chance de se joindre à de groupes de soutien où elles peuvent s’exprimer en toute confiance. Elles peuvent aussi être conseillées au niveau légal (pension alimentaire et reconnaissance de paternité). Elles ont même accès à des services de réflexothérapie. Des ateliers sur la sexualité sont aussi offerts aux adolescents et adolescentes. C’est une grande famille ou tout le monde est bienvenu, même les hommes!
![]() |
Atelier avec les hommes |
Et oui, les hommes ! Le Centro Mujer, au fil des années, a compris que s’il voulait avancer dans l’éradication de la violence familiale, il était nécessaire de travailler avec les hommes qui exercent cette violence et qu’il était important de les intégrer dans des activités de prévention. Avec le temps, la petite organisation espère changer les patrons socioculturels qui légitiment les relations d’inégalité entre les hommes et les femmes.
Elle permet aux femmes, adolescents, adolescentes et aux hommes de devenir des acteurs sociaux importants dans leur communauté. Les actions qui y sont menées les sortent de leur isolement, leur permettent d’identifier leurs dynamiques familiales, les aident à se valoriser dans les rôles qu’elles/ils occupent et qu’elles/ils aimeraient occuper. Elles les aident à changer leurs façons de communiquer avec les membres de leur famille et de leur entourage et encouragent une plus grande solidarité.
![]() |
Partie de l'équipe du Centro Mujer |
![]() |
Jeunes de SJL |
Quel travail légitime et bien ciblé ! Il y a loin de la coupe aux lèvres puisque la violence n’est pas seulement physique et sexuelle, mais aussi psychologique, verbale, raciale, économique et j’en oublie certainement. Et elle ne se retrouve pas seulement dans les quartiers marginalisés. Elle est bien présente dans toutes les couches de la société mais à certains endroits, elle est plus silencieuse et discrète. Mais elle résulte avant tout de la précarité, d’où les forts pourcentages dans les quartiers pauvres.
Être en contact avec la base est important dans notre travail. Ça nous sort de nos tâches administratives quotidiennes et de nos réflexions et décisions qui sont parfois mécaniques et qui ne tiennent pas toujours compte des réalités-terrains malgré toutes les bonnes intentions que nous avons.
Inscription à :
Articles (Atom)