mardi 14 décembre 2010

Peru's campesinos involved in global event on climate change

Article (anglais et espagnol seulement) publié par 2 collègues d'Oxfam.

Mardi dernier 7 décembre, des organisations paysannes et autochtones on participé à un événement afin de démontrer à quel point les changements climatiques menacent la sécurité alimentaire et ont présenté les rôles importants que peuvent jouer les petits agriculteurs et les autochtones face à cet enjeu.

Mikuna - Ancestral knowledge

Mystical ceremony in defense of the wisdom and native seed

An important moment on Economica Justicia Campaign in Peru, and as part of Global Day of Climate Action, Peru’s campesinos and indigenous peoples of different organizations (Confederación Campesina del Perú (CCP); Confederación Nacional Agraria (CNA); Asociación Nacional de Productores Ecológicos del Perú (ANPE); Federación de Mujeres Campesinas, Artesanas e Indígenas del Perú (FEMUCARINAP), Confederación Nacional de Comunidades afectadas por la Minería (CONACAMI)) met in a colorful ceremony, representing the diversity of food and seeds threatened by climate change as a result of the inaction in the COP’s, by the representatives of the governments of developed countries.




 A group of campesinos placed various agricultural products, including coca leaf from Peru on a map painted on the floor, and participated in an indigenous ceremony of thanks to the Earth called "Mikuna- ancestral knowledge." 



"The small farmers are the most affected by climate change due to floods, drought and the destruction of glaciers, and is also a sector less supported by the government", explained the General secretary of the CCP, Jorge Prado Sumari.
The president of the Federation of Peasant Women, Artisan, Indigenous, Native and Salaried of Peru, Lourdes Huanca, said that the peasant groups are "articulating all the forces of Peru to protect food security and sovereignty and avoid, for example, the use of transgenic seeds (GM)''.


For his part, Moises Quispe, executive director of the National Association of Ecological Producers (ANPE), expressed concern about no official statement to declare Peru free of genetically modified seeds. "The entry of GM seeds may jeopardize the enormous and unique agricultural resources of Peru, within them the seeds biodiversity held by small farmers" he said.

The  Vice Minister of the Environment, Rosario Gomez, who mentioned the number of specific efforts and measures being developed by the Peruvian government with local communities in the regions to conserve natural resources, these communities will be considerate to participate actively in the care of 54 million hectares of forest in the framework of a national policy of resource protection. She stressed that the protection of resources ensures not only feeding people, but also the country's position in international markets.

(Lima – Peru, December 7th 2010)

jeudi 9 décembre 2010

Avalanche d’émotions : deuxième partie

22 h : Nous partons de Huaraz en direction de Lima

2 h : L’autobus s’arrête. Je dors, mais j’ai conscience que nous sommes arrêtés.
4 h : JP se réveille et l’autobus est toujours arrêté.

"Ancash unit ne sera jamais vaincu !"

 5 h  : JP sort à l’extérieur du bus et demande à un Uruguayen ce qui se passe. Il lui dit que la route est bloquée.  Il fait encore nuit; on ne voit rien de ce qui se passe à l’extérieur. Mais c’est calme. On pense aux enfants qui sont à Lima.   
6 h : Le jour se lève et on peut apercevoir une pancarte annonçant un « arrêt préventif de 24 heures, lundi le 6 décembre 2010 ». « En défense de la lagune Conocochan » y est écrit en espagnol. Bon. On est pogné ici toute la journée et une partie de la nuit. On pense aux enfants à Lima qui devaient attendre impatiemment notre retour ce matin. J’appelle Vilma et lui dit que nous rentrerons probablement demain matin (mardi) puisque des paysans ont bloqué la route. Elle me répond avec son calme habituel : « No te preocupes Annie ».
6 h 30 : On décide de sortir de l’autobus. Des dizaines de bus et de camions sont alignés le long de la route. Déjà à cette heure, les petits magasins et petits restaurants sont ouverts, chose rare au Pérou. Les policiers sont à leur poste. On s’achète du pain et du jus et on essaie d’avoir un peu plus d’infos.
Blocage: présence de manifestants sur la colline et en bas
7 h : On pose quelques questions à un policier : « Ce sont les paysans qui ont bloqué la route. Ils ne veulent pas qu’une mine d’or s’installe sur leur territoire ». « Nous aimerions parler à des paysans. Où sont-ils?» Surpris par cette question, il nous répond : « Par là, à environ 20 minutes de marche. C’est là qu’ils ont fait la barricade ».
On marche. Peu à peu, on voit quelques pierres qui bloquent la route. On croise une mère et sa fille qui nous confirment que la barricade est à quelques mètres seulement. Effectivement, on peut le voir. Elles nous demandent si nous y allons pour y négocier notre passage. On lui répond que non. On y va pour discuter avec les paysans. Elles nous disent que certaines personnes ont offert 1 soles par passager afin de passer mais que les paysans ont refusé. JP me demande : « Paierais-tu toi pour passer?» Je réfléchis. « Je crois que non. Je comprends les paysans de ne pas accepter; ça leur enlèverait toute crédibilité et ça les empêcherait d’aller au fond de leurs revendications». Mais au fond de moi-même, je pense à mes enfants. Si ma vie était en danger, je crois que ça deviendrait une option.
De plus en plus de pierres bloquent la route. On est maintenant parmi les paysans et les paysannes. Des jeunes sont en haut d’une colline et commencent à jeter de grosses pierres dans la route. Ça s’agite. On entend crier : «Arrêtez! Il y en a assez! Ça brise la route».
7 h 30 : Les paysans sont regroupés. Des femmes préparent le café, distribuent de petits pains, pèlent des oignons. Une dame me fait signe de ne pas utiliser la caméra. On m’offre un café que je prends volontiers. On demande à un homme transportant du bois s’il était possible de jaser un peu avec lui. «Je vais aller chercher le Président de la communauté», dit-il calmement.
Je demande à JP : «Comment tu te sens?» Il me répond : «Dépassé».  
L’homme revient seul, mais il s’avère être celui qui deviendra le Président de la communauté en janvier. Petit, sympathique, il nous explique calmement les raisons de ce barrage : «Cette mine d’or veut s’installer ici. Nous, on ne veut pas. Elle contaminera le lac, l’eau des rivières et le sol et détruira l’environnement. Nos animaux et nos cultures en souffriront. Et nous aussi. La rivière principale prend sa source dans ce lac. Et on ne nous a même pas consultés. Toutes les entreprises minières devraient consulter la population locale avant de s’installer. Aucune ne le fait».
Des femmes et des hommes se joignent à nous. «La mine nous offre des cadeaux de toute sorte. Des laptops pour nos jeunes, des jouets pour nos enfants, du pain. Ils réparent nos routes. Mais nous, on ne veut rien de tout ça». JP leur demande : «Voudriez-vous de la présence de cette mine qui exploiterait l’or si elle respectait l’environnement et les droits des paysans ou vous ne voulez pas du tout de cette mine?» Une femme qui semble être plus radicale prend toute de suite la parole «Nous ne voulons pas de cette mine. Selon notre expérience, malgré les beaux contrats, elles ne les respectent pas. Aucune mine ne respecte l’environnement et les droits des paysans».
On nous pose des questions. «Êtes-vous touristes?» «Que faites-vous au Pérou?» On leur parle un peu de nous, de mon travail. On leur dit qu’on a deux jeunes enfants à Lima. Pas trop de réactions de leur part sur le fait qu’on a des enfants qui nous attendent à Lima. Je les comprends. Leurs revendications sont pas mal plus importantes que nos enfants à Lima qu’ils doivent s’imaginer «très bien».  
On nous dit que ce blocage est prévu depuis 1 mois; qu’il fut annoncé dans les journaux, à la radio. Qu'ils ont invité des journalistes. Ils ont demandé un permis pour manifester, mais on ne leur a jamais octroyé. «Les compagnies de bus le savaient», nous disent-ils. «Aucun journaliste n'est venu pour nous écouter».

Oui à l'eau, non à la mine !

Un jeune garçon distribue des bananes. Il nous en donne. On nous offre de nouveau du café et du pain. Les jeunes du haut de la colline recommencent à s’agiter, à lancer des pierres, ils déclenchent une petite avalanche de rochers. Le Président crie calmement : «Arrêtez». La femme plutôt radicale leur lance à son tour «Arrêtez ! Vous brisez la route et la police viendra. Ce sera pire».

8 h 15 : Il y a pas mal de pierres dans la route. La police n’est pas loin. On pense aux enfants. On décide de retourner au bus.
On croise un couple de Péruviens qu’on a rencontré en fin de semaine à Huaraz et qui est dans le même bus que nous. Le gars a l’air offusqué, «La compagnie le savait. Elle a elle-même confirmé que si elle était partie de Huaraz à 19 h hier soir, on n’aurait pas été pris dans ce blocage. Qui va payer nos salaires aujourd’hui
11 h 30 : Nous retournons à la barricade.  Les gens sont toujours pacifiques.  Ils sont debout, assis, ils discutent tranquillement, les femmes cuisinent sur des feux de bois riz et café.  On nous offre à dîner et des verres de boissons gazeuses. Des gens du village viennent vendre la nourriture qu’ils ont préparée. Ils et elles sont solidaires. On veut prendre des photos, mais une femme nous recommande une fois de plus de ne pas le faire pour ne pas vexer les jeunes.
Nous restons sur place une vingtaine de minutes à discuter avec deux hommes.  Le plus jeune nous parle de la lutte des paysans, de l’importance de l’eau, de son fils qui vit en Espagne.  Le plus vieux, âgé de 84 ans, se fait plus philosophe. Il parle de Dieu, que la terre appartient à tous, blanc, noirs, métis, jaunes, que le Pérou est riche.  Il explique que les poches sont pleines mais qu’elles se vident sans que rien ne reste au pays. 
Les jeunes, juchés sur la colline rocheuse, recommencent à crier et à manifester leur mécontentement. Ils s’agitent et poussent de nouvelles grosses pierres pour entraver la route.  À première vue, ils ne semblent pas s’entendre avec les paysans avec lesquels nous discutons. Le premier homme nous explique que ces jeunes connaissent la cause et qu’il l’embrasse.  En ajoutant plus de pierres, ils espèrent compliquer la vie des forces policières.
11 h 50 : Les paysans et les paysannes se regroupent près de nous. Un homme prend la parole, mais on a du mal à le comprendre. Les jeunes se figent au haut de la colline. Le groupe est plus dense et nous sépare des bus.  On décide de quitter les lieux.  
Regroupement des forces de l'ordre avant d'affronter les manifestants
Sur le chemin, des policiers armés se sont regroupés et attendent. D’autres voitures remplies de policiers arrivent rapidement. On passe à leur côté. JP prend discrètement une photo. Toujours en marchant, on entend la foule s’agiter derrière nous.
12 h 30 : Arrivé au bus, notre ami péruvien nous dit qu’on partira dans quelques instants. On lui dit que c’est impossible, le chemin est bloqué. «Les policiers tenteront de négocier». Mais de quelle façon ? Je suis angoissée. Je crains la fin de l’histoire.
13 h 15 : Le chemin est ouvert. Je prends ma caméra et je filme de l’intérieur de l’autobus notre passage près de la barricade. Les pierres ont été déplacées sur le côté de la route. Quelques paysans et paysannes sont toujours regroupés mais rien n’indique la présence de violence. Je suis soulagée, mais triste. Les paysans avec qui nous avons discuté tenaient à se faire entendre. Et ce blocage était leur seul moyen.  En fait, le Président nous a affirmé qu’il s’agissait du premier blocage, d’un avertissement.  Il y en aura sûrement d’autres.  JP et moi on s’était préparé à y passer toute la journée et une partie de la nuit, en solidarité.
Mardi matin : je contacte une collègue et lui explique la raison de mon absence au bureau hier.  Elle me fait suivre un lien vers le site Internet d’un journal local.  J’y apprends qu’il y a eu des affrontements entre les policiers et les paysans : un mort et 8 blessés.  On parle de cette manifestation.


Cette nouvelle déclenche une autre avalanche d’émotions, cette fois-ci avec des visages, des voix et des souvenirs concrets. Des gens qui défendaient leur droit ont payé le prix pour se faire entendre. Des gens pour la grande majorité pacifiques, sympathiques, humains et justes. « La route sera dégagée à minuit ce soir » nous avait dit un paysan en présence du Président de la communauté. Quelques heures d’attente pour éviter violence, mort et blessés. Et pour écouter ce qu’une population avait à nous dire sur l’exploitation de leur territoire et la contamination de l’eau, leur source de vie.

mardi 7 décembre 2010

Avalanche d’émotions : première partie

Quand on sort de sa routine c’est pour vivre des sensations fortes, pour s’émerveiller devant la grandeur et pour faire le plein d’énergie.  Le changement nous permet d’apprécier notre confort et notre quotidien.   Pour les coopérants volontaires c’est un objectif qui s’échelonne sur une, deux et parfois trois années.  Dans notre cas, la dernière fin de semaine nous a permis de vivre plusieurs de ces étapes et d’en ressortir grandi.   

Glacier du Pastoruri dans le parc de Huascaran

Située à environ 450 km de Lima, Huaraz est l’une des 20 provinces de la région d’Ancash*.  Ce coin de pays nous offrait de petits villages, un lac à 3850 mètres d’altitude et un glacier à plus de 5000 mètres.  Bref, un beau mélange pour s’éloigner de la cacophonie de Lima.  
Nous avions réservé deux journées de visites guidées.  Plusieurs beaux paysages ont défilé devant nos yeux, les villages, le parc Huascaran, le Lac Chinancocha, le glacier Pastoruri.  Aucun n’a été comparable au voyage intérieur que la petite ville de Yungay a pu nous faire vivre. 
Notre guide, un professeur de mathématique de 68 ans féru d’histoire, nous a raconté avec passion les événements qui ont transformé la petite ville en cimetière national par un bel après-midi ensoleillé de 1970. 
Frappée par une violente secousse sismique d’une amplitude de 7,8 sur l’échelle de Richter causée par le choc entre des plaques sous marines dans le Pacifique, la région s’est mise à trembler.  Une partie de la montagne Huascaran, qui surplombe le village, s’est détachée, causant une avalanche de glace, de roches et de boue.  Accélérant rapidement, les débris ont atteint plus de 200 km/h et se sont abattus comme un raz-de-marée sur Yungay. À peine dix minutes plus tard, le village entier, banque, cathédrale, maisons, voitures et plus de 22 000 habitants ont été ensevelis sous des mètres de boue.  Toute cette communauté a péri écrasée sous le poids de Dame Nature. 

Cimetière pyramidal et statue géante avec
la cordillière noire en arrière-plan
 Au même moment de l’autre côté du village, une statue géante représentant le Christ, les bras grands ouverts, accueillait en son sein des hommes et femmes.  Cette statue blanche de onze mètres trône sur un cimetière pyramidal de cinq étages construit au début du 20e siècle.  À l’approche de près de 10 000 mètres cubes de boue, 203 personnes ont rapidement gravi les marches pour se réfugier dans l’ombre de ce monument religieux.  Ils avaient une vue imprenable sur la destruction, sur les seuls quatre palmiers qui se tenaient droits dans cinq mètres de boue. 
En bas, la coulée de boue et de glace qui avait atteint le deuxième étage du cimetière commençait à se stabiliser, à durcir. Cette même vague avait continué son chemin pour finalement s’arrêter sur le versant opposé.  Seule la force passive de la cordillère noire a pu arrêter l’élan dévastateur fourni par la cordillère blanche.
 Les réfugiés ont passé la nuit ensemble, regroupés pour la chaleur du corps et du cœur.  Les explications de notre guide sont appuyées par des images incroyables, captées par un des 203 survivants, un géophysicien français en visite.  En plus du groupe de survivants du cimetière, environ deux cents autres personnes, pour la plupart des enfants, étaient attroupées au stade local pour une fête.  Ces derniers sont soudainement devenus orphelins du destin.      
À la suite du séisme, l’armée a pris le contrôle de la zone pour éviter le pillage et le chaos.  La zone a été déclarée cimetière national et aucune excavation n’a été permise depuis toutes ces années.  Le guide explique cette décision de deux façons : «On voulait éviter le pillage» et au niveau spirituel, «quand on meurt on n’emporte rien au paradis, il fallait donc laisser les biens ensevelis par respect pour tout ces gens.»  La communauté internationale s’est mobilisée, des secours sont arrivés de plusieurs pays.  Cet effort fait encore aujourd’hui de Huaraz la «Capitale de l'amitié internationale».  Dans les jours suivants la catastrophe, les jeunes orphelins ont été transportés à Lima et ensuite adoptés par des étrangers de partout dans le monde.    
Une partie de l'ancienne catédrale de Yungay avec
les 4 palmiers restés debout après le seisme
Aujourd’hui, nous avons marché lentement dans le parc fleuri qu’est devenue la ville.  Les quatre palmiers de cette époque sont encore visibles, l’un d’eux toujours vivant. Des croix ont été plantées un peu partout, soulignant l’endroit où a été ensevelie la maison d’un proche.  
C’est toujours très émouvant se retrouver dans un lieu de sépulture, quand on peut voir le meurtrier au loin, avec ses neiges éternelles. Il est quand même beau; on l’admire et on le respecte. On se rappelle alors la puissance de la nature, la fragilité de la vie. On devient silencieux, nostalgique. On se sent proche des morts, des survivants et des familles qui depuis toutes ces années, participent à un pèlerinage annuel en mémoire des victimes.
Une expérience profonde qui fait réfléchir.  Une première avalanche qui fait surgir tristesse, humilité, respect et calme.  Une autre expérience empreinte d’autant de force nous attendait le lendemain.
* Le Pérou est divisé en 24 régions qui contiennent chacune plusieurs provinces.

vendredi 26 novembre 2010

Transport en commun hors du commun

Par JP
 
Les bus se suivent et ne se ressemblent pas
Le système de bus est, disons le, particulier.  D’un point de vue d’étranger, il est difficile au départ de concevoir une efficacité dans le système de transport.  La loi du « au plus fort la poche » surpasse toute réglementation ou signalisation.  Il est difficile de savoir exactement combien de « trajets » de bus passent sur une même rue.  À nos yeux, les bus sont tous identiques.   

Malgré ce que nous disent les chauffeurs, il n’y a aucune indication pour les paraderos  (arrêts de bus).  Ceci engendre un certain chaos (ou chaos certain) puisque les nombreux bus font la course sur une même rue, pour les mêmes clients.  Ils s’immobilisent n’importe où, ils zigzaguent pour dépasser, éviter les obstacles (les trous) et prendre les passagers.  Aux intersections, les voitures et les bus se frayent un chemin, peu importe la destination.  La voie de droite sert autant pour tourner à gauche que celle de gauche pour tourner à droite.  On avertit avec le klaxon, la main ou le coin du pare-choc.  Aux heures de pointe, les taxis circulent dans les petites rues (sens inverse, trottoirs, entrées de garage) pour arriver à leur destination rapidement. 

Montez montez montez !

Les formats de bus varient entre le « 36 places, deux toits ouvrants » du Québec, le vieux quinze passagers, l'autobus scolaire ou même un format « Volkswagen hippie » modifié pour loger vingt personnes.  Le nombre de passagers est habituellement limité à la volonté d’entrer du prochain client.  Si on veut, on peut entrer…  Personnellement, je laisse passer les bus qui m’obligeraient à me plier en deux ou à me tenir mi-dedans, mi-dehors.
 Tous ces bus viennent équipés d’un chauffeur et d’un(e) crieur-collecteur.  Le deuxième personnage s’installe dans la porte coulissante et crie la destination à qui veut bien l’entendre.  Il /elle sert aussi de barrière pour contenir les gens à l’intérieur.  Son travail consiste à taper sur la carrosserie pour signaler un arrêt à venir ou un client potentiel.  Il débarque à chaque fois avant même que le véhicule ne soit arrêté et se met à crier sube … à répétition (montez-montez-montez) pour hâter les clients.  Le bus repart dès que le client a posé le pied à l’intérieur et le crieur-collecteur doit faire un petit jogging pour reprendre sa place. Le crieur-collecteur est aussi responsable de percevoir le maigre tarif et de négocier de la main les changements de voies.    

Tant que ça roule...

Ici, les gens roulent plus lentement mais ne s’arrêtent pas.  Ils se faufilent et s’inventent des chemins. Les presque-accrochages sont courants (agrémentés de klaxons), mais les accidents sont assez rares.  En neuf mois, j’ai été témoin d’environ cinq accidents et impliqué dans un seul (en compagnie du beau-père).  La vitesse réduite fait des merveilles et quand on n’évite pas le « bang » on évite les blessures. 

Le constat le plus effrayant dans tout ça: pour une ville de 7,5 millions d’habitants,  ça fonctionne bien.



mercredi 24 novembre 2010

Des femmes et des jeunes en quête de changements à San Juan de Lurigancho

Je suis une coopérante SBF, c'est-à-dire sans bureau fixe. Je travaille chez moi, dans les cafés quand les enfants ont trop d'énergie dans la maison, chez Oxfam America, chez les partenaires. Oxfam-Québec a son siège en Bolivie et 11 coopérants et coopérantes y travaillent et sont réparti(e)s dans différentes régions du pays. Nous sommes 2 coopérantes au Pérou, à Lima.

Je vous avoue que j'apprécie cette flexibilité. Je constate que je peux bien m'adapter à de nouvelles équipes de travail et aussi travailler dans des contextes différents. C'est une des nombreuses compétences que l'on peut acquérir dans ce genre d'expérience. Je me promène avec mon laptop, en bus, à pied, en taxi et en taxi-moto en espérant qu'il me suive jusqu'à la fin de mon mandat !  


Pour vous aider à comprendre ce que je fais ici, j'aimerais commencer par situer le quartier de Lima que je visite 2-3 fois par semaine et vous présenter les axes de travail de 2 organisations avec lesquelles Oxfam-Québec travaille. 

La première fois que je suis allée à San Juan de Lurigancho, j’ai eu l’impression d’entrer dans une autre ville. Et pourtant, j’entrais seulement dans le quartier le plus populeux de Lima, situé au nord-est de la capitale. Le plus populeux de tout le Pérou. 850 000 personnes y vivent en promiscuité ce qui devient un puissant facteur de stress. Mais on s'habitue.

Vue d'une petite partie de San Juan de Lurigancho

Seulement quatre ponts (2 pour y entrer et 2 pour en sortir) permettent à 400 000 personnes de se déplacer quotidiennement. Les trajets sont longs, le trafic est intense.
Dans ce quartier marginal, tout le monde est actif. Des enfants courent dans les rues, des femmes et des hommes vendent leurs fruits et légumes sur leurs étals fragiles; des cireurs de souliers, tous alignés sur le trottoir, attendent patiemment des clients; des mères et leurs jeunes enfants vendent des bonbons à l’unité. On a l’impression que tous les emplois sont permis pour vivre ou survivre.

Le secteur informel
La population est jeune : 68 % ont moins de 34 ans. Les micros et petites entreprises représentent 90 % du secteur et regroupent les vendeurs de rue jusqu’aux petites initiatives entrepreneuriales telles que : mécanique, boulangerie, cordonnerie, coiffure, couture, etc.  

Ces activités génératrices de revenus permettent aux familles de subvenir à leurs besoins, mais sans plus. Le statut non officiel des travailleurs jumelé à un faible niveau d’éducation fait en sorte que ceux-ci ont du mal à s’adapter à de nouveaux marchés et à acquérir de nouvelles compétences. Cette situation les marginalise et déclenche une multitude de problèmes qui influent sur de nombreux aspects de leur vie: aucune sécurité d’emplois et d’avoirs, séparation familiale, alcoolisme, abandon scolaire pour les enfants et les jeunes, sévices sexuels et violence liée au genre, délinquance. Et j'en passe.
  
Les victimes de violence familiale

6 femmes sur 10 y sont victimes de violence familiale ou sexuelle. Le machisme est très présent.Plusieurs femmes n’ont accès à aucune source de revenus. Isolées, elles demeurent à la maison et reproduisent la séquence de la violence auprès de leurs enfants. Une étude a démontré que la principale solution à la violence familiale et sexuelle était de travailler.


On se construit à flanc de colline ou sur les collines


Trouver un bon travail est complexe. Les emplois sont mal rémunérés et les conditions sont précaires.

 L’appui d’Oxfam-Québec
Oxfam-Québec concentre ses efforts dans ce quartier. Les deux organisations qu’il appuie offrent à des femmes et des jeunes des alternatives pour améliorer leurs conditions de vie et diminuer leur vulnérabilité. Le Centre Mujer Teresa de Jésus assure la promotion et la défense des droits des femmes et le Consejo de desarrollo del cooperativismo fait la promotion de l’entrepreneuriat solidaire auprès des jeunes de 18 à 35 ans.




jeudi 18 novembre 2010

Pérou pas prêt j'y vais !

Des collègues et des jeunes m'inspirent ! Je me suis décidée à devenir ''blogueuse'', sans aucune prétention. Je ne suis ni écrivaine, ni journaliste, ni poète. Mais j'espère par mes mots pouvoir vous partager ce que je vis ici, ce que je fais, avec qui, comment, pourquoi. Mon conjoint Jean-Pierre agrémentera les pages de temps en temps. Et c'est un ''work in progress'' ! Je me familiariserai avec les modalités du site au fur et à mesure.

Je m'appelle Annie et je suis coopérante pour Oxfam-Québec au Pérou. Après presque 10 ans à Développement et Paix aux programmes jeunesse, j'avais besoin de m'évader et faire un peu de terrain. J'ai déjà voyagé par le passé : stages outre-mer en Europe de l'Est et en Afrique, accompagnements de groupes de jeunes en Amérique latine, courtes missions avec Développement et Paix, voyages touristiques. Mais cette fois-ci, c'est en famille et pour 2 ans. Pour travailler. Créer des liens. Et j'espère que je pourrai y laisser quelque chose, en mon nom personnel et au nom d'Oxfam-Québec.

Et c'est à Lima. Ville de plus de 7,5 millions d'habitants. On est au coeur de l'action, des klaxons, de la pollution, du chaos et de bien des odeurs. Nous sommes immergés dans une culture qui nourrit autant le corps que l'esprit. Lima est la capitale gastronomique de l'Amérique latine et les interactions culturelles au quotidien nous font réfléchir et grandir.

Ici, on voit et vit la vie d'une autre façon.

Bonne lecture !