vendredi 26 novembre 2010

Transport en commun hors du commun

Par JP
 
Les bus se suivent et ne se ressemblent pas
Le système de bus est, disons le, particulier.  D’un point de vue d’étranger, il est difficile au départ de concevoir une efficacité dans le système de transport.  La loi du « au plus fort la poche » surpasse toute réglementation ou signalisation.  Il est difficile de savoir exactement combien de « trajets » de bus passent sur une même rue.  À nos yeux, les bus sont tous identiques.   

Malgré ce que nous disent les chauffeurs, il n’y a aucune indication pour les paraderos  (arrêts de bus).  Ceci engendre un certain chaos (ou chaos certain) puisque les nombreux bus font la course sur une même rue, pour les mêmes clients.  Ils s’immobilisent n’importe où, ils zigzaguent pour dépasser, éviter les obstacles (les trous) et prendre les passagers.  Aux intersections, les voitures et les bus se frayent un chemin, peu importe la destination.  La voie de droite sert autant pour tourner à gauche que celle de gauche pour tourner à droite.  On avertit avec le klaxon, la main ou le coin du pare-choc.  Aux heures de pointe, les taxis circulent dans les petites rues (sens inverse, trottoirs, entrées de garage) pour arriver à leur destination rapidement. 

Montez montez montez !

Les formats de bus varient entre le « 36 places, deux toits ouvrants » du Québec, le vieux quinze passagers, l'autobus scolaire ou même un format « Volkswagen hippie » modifié pour loger vingt personnes.  Le nombre de passagers est habituellement limité à la volonté d’entrer du prochain client.  Si on veut, on peut entrer…  Personnellement, je laisse passer les bus qui m’obligeraient à me plier en deux ou à me tenir mi-dedans, mi-dehors.
 Tous ces bus viennent équipés d’un chauffeur et d’un(e) crieur-collecteur.  Le deuxième personnage s’installe dans la porte coulissante et crie la destination à qui veut bien l’entendre.  Il /elle sert aussi de barrière pour contenir les gens à l’intérieur.  Son travail consiste à taper sur la carrosserie pour signaler un arrêt à venir ou un client potentiel.  Il débarque à chaque fois avant même que le véhicule ne soit arrêté et se met à crier sube … à répétition (montez-montez-montez) pour hâter les clients.  Le bus repart dès que le client a posé le pied à l’intérieur et le crieur-collecteur doit faire un petit jogging pour reprendre sa place. Le crieur-collecteur est aussi responsable de percevoir le maigre tarif et de négocier de la main les changements de voies.    

Tant que ça roule...

Ici, les gens roulent plus lentement mais ne s’arrêtent pas.  Ils se faufilent et s’inventent des chemins. Les presque-accrochages sont courants (agrémentés de klaxons), mais les accidents sont assez rares.  En neuf mois, j’ai été témoin d’environ cinq accidents et impliqué dans un seul (en compagnie du beau-père).  La vitesse réduite fait des merveilles et quand on n’évite pas le « bang » on évite les blessures. 

Le constat le plus effrayant dans tout ça: pour une ville de 7,5 millions d’habitants,  ça fonctionne bien.



mercredi 24 novembre 2010

Des femmes et des jeunes en quête de changements à San Juan de Lurigancho

Je suis une coopérante SBF, c'est-à-dire sans bureau fixe. Je travaille chez moi, dans les cafés quand les enfants ont trop d'énergie dans la maison, chez Oxfam America, chez les partenaires. Oxfam-Québec a son siège en Bolivie et 11 coopérants et coopérantes y travaillent et sont réparti(e)s dans différentes régions du pays. Nous sommes 2 coopérantes au Pérou, à Lima.

Je vous avoue que j'apprécie cette flexibilité. Je constate que je peux bien m'adapter à de nouvelles équipes de travail et aussi travailler dans des contextes différents. C'est une des nombreuses compétences que l'on peut acquérir dans ce genre d'expérience. Je me promène avec mon laptop, en bus, à pied, en taxi et en taxi-moto en espérant qu'il me suive jusqu'à la fin de mon mandat !  


Pour vous aider à comprendre ce que je fais ici, j'aimerais commencer par situer le quartier de Lima que je visite 2-3 fois par semaine et vous présenter les axes de travail de 2 organisations avec lesquelles Oxfam-Québec travaille. 

La première fois que je suis allée à San Juan de Lurigancho, j’ai eu l’impression d’entrer dans une autre ville. Et pourtant, j’entrais seulement dans le quartier le plus populeux de Lima, situé au nord-est de la capitale. Le plus populeux de tout le Pérou. 850 000 personnes y vivent en promiscuité ce qui devient un puissant facteur de stress. Mais on s'habitue.

Vue d'une petite partie de San Juan de Lurigancho

Seulement quatre ponts (2 pour y entrer et 2 pour en sortir) permettent à 400 000 personnes de se déplacer quotidiennement. Les trajets sont longs, le trafic est intense.
Dans ce quartier marginal, tout le monde est actif. Des enfants courent dans les rues, des femmes et des hommes vendent leurs fruits et légumes sur leurs étals fragiles; des cireurs de souliers, tous alignés sur le trottoir, attendent patiemment des clients; des mères et leurs jeunes enfants vendent des bonbons à l’unité. On a l’impression que tous les emplois sont permis pour vivre ou survivre.

Le secteur informel
La population est jeune : 68 % ont moins de 34 ans. Les micros et petites entreprises représentent 90 % du secteur et regroupent les vendeurs de rue jusqu’aux petites initiatives entrepreneuriales telles que : mécanique, boulangerie, cordonnerie, coiffure, couture, etc.  

Ces activités génératrices de revenus permettent aux familles de subvenir à leurs besoins, mais sans plus. Le statut non officiel des travailleurs jumelé à un faible niveau d’éducation fait en sorte que ceux-ci ont du mal à s’adapter à de nouveaux marchés et à acquérir de nouvelles compétences. Cette situation les marginalise et déclenche une multitude de problèmes qui influent sur de nombreux aspects de leur vie: aucune sécurité d’emplois et d’avoirs, séparation familiale, alcoolisme, abandon scolaire pour les enfants et les jeunes, sévices sexuels et violence liée au genre, délinquance. Et j'en passe.
  
Les victimes de violence familiale

6 femmes sur 10 y sont victimes de violence familiale ou sexuelle. Le machisme est très présent.Plusieurs femmes n’ont accès à aucune source de revenus. Isolées, elles demeurent à la maison et reproduisent la séquence de la violence auprès de leurs enfants. Une étude a démontré que la principale solution à la violence familiale et sexuelle était de travailler.


On se construit à flanc de colline ou sur les collines


Trouver un bon travail est complexe. Les emplois sont mal rémunérés et les conditions sont précaires.

 L’appui d’Oxfam-Québec
Oxfam-Québec concentre ses efforts dans ce quartier. Les deux organisations qu’il appuie offrent à des femmes et des jeunes des alternatives pour améliorer leurs conditions de vie et diminuer leur vulnérabilité. Le Centre Mujer Teresa de Jésus assure la promotion et la défense des droits des femmes et le Consejo de desarrollo del cooperativismo fait la promotion de l’entrepreneuriat solidaire auprès des jeunes de 18 à 35 ans.




jeudi 18 novembre 2010

Pérou pas prêt j'y vais !

Des collègues et des jeunes m'inspirent ! Je me suis décidée à devenir ''blogueuse'', sans aucune prétention. Je ne suis ni écrivaine, ni journaliste, ni poète. Mais j'espère par mes mots pouvoir vous partager ce que je vis ici, ce que je fais, avec qui, comment, pourquoi. Mon conjoint Jean-Pierre agrémentera les pages de temps en temps. Et c'est un ''work in progress'' ! Je me familiariserai avec les modalités du site au fur et à mesure.

Je m'appelle Annie et je suis coopérante pour Oxfam-Québec au Pérou. Après presque 10 ans à Développement et Paix aux programmes jeunesse, j'avais besoin de m'évader et faire un peu de terrain. J'ai déjà voyagé par le passé : stages outre-mer en Europe de l'Est et en Afrique, accompagnements de groupes de jeunes en Amérique latine, courtes missions avec Développement et Paix, voyages touristiques. Mais cette fois-ci, c'est en famille et pour 2 ans. Pour travailler. Créer des liens. Et j'espère que je pourrai y laisser quelque chose, en mon nom personnel et au nom d'Oxfam-Québec.

Et c'est à Lima. Ville de plus de 7,5 millions d'habitants. On est au coeur de l'action, des klaxons, de la pollution, du chaos et de bien des odeurs. Nous sommes immergés dans une culture qui nourrit autant le corps que l'esprit. Lima est la capitale gastronomique de l'Amérique latine et les interactions culturelles au quotidien nous font réfléchir et grandir.

Ici, on voit et vit la vie d'une autre façon.

Bonne lecture !