Par JP
Nous avons passé plus de 13 mois au Pérou sans visiter les classiques du tourisme péruvien. Nous avons attendu la visite de nos courageux amis pour braver LE voyage qui nous permettrait de les découvrir ainsi que « d’affronter » la jungle amazonienne. Après une année de rendez-vous Skype, de planifications d’activités dans les 3 grandes régions du Pérou (Côte, Sierra et Selva), d’acrobaties de dates, d’heures et de compagnies aériennes, la famille Grenier-Duchesne est arrivée pour relever le défi avec nous.

Deux couples, 4 enfants en bas âge et trois semaines d’heureux délires et de vie « ajoutée » dans notre appartement, l’édifice en général, les hôtels et les aéroports ! Au Pérou, enfant n’égale pas bruit ou excitation. C’est comme ça depuis que nous sommes ici. Les petits péruviens, ne crient pas, ne « crisent » pas. Chez nous, ça saute, ça crie, ça rie, ça pleure, ça se chicane. Bref, on n’entend rien …. sauf nos enfants ! Recevoir des amis québécois et leurs enfants nous a permis de retrouver nos racines, notre culture et de constater que nos enfants sont normaux !
Première destination : Arequipa, avec son volcan actif El Misti et comme objectif principal le Cruz del Condor pour y observer les majestueux oiseaux de proie. À Chivay, petite bourgade de 5000 habitants à 3600 mètres d’altitude, y fait frette ! Il fallait bien geler pour comprendre que le chauffage ici c’est un luxe; pour nous Québécois et Québécoise, c’est un acquis. Nous avons profité des Bains thermaux locaux pour nous réchauffer. Cinq piscines tempérées ou l’eau se maintient à 38 degrés Celsius et qui provient du volcan Cotallumi et y en sort à une température de 80 à 85 degrés.

Deuxième destination : Cusco ou la « classique » du Pérou. Évidemment, nous avons vu l’une des sept Merveilles du Monde. Par contre, le chemin prit soudainement plus d’importance que la destination. Accompagnés d’un guide et 3 chevaux pour les petits, nous avons marché et chevauché. Pendant ce temps, notre confort était assuré par un muletier, 4 mules transportant bagages, tentes et nourriture. Isolés dans un décor grandiose de montagnes et leurs pics enneigés, les paysages ont défilé sur 20 km en deux jours sans croiser autre chose que taureaux, moutons et lamas. Pour nous tous, le « trek » dans la Vallée Sacrée a volé la vedette à la cité perdue et est rapidement devenu le point marquant de notre voyage.

Cusco est certainement un incontournable. La capitale de l'empire inca est jolie, intéressante et ... très touristique. Probablement que tous les touristes qui viennent au Pérou y passent. Nous y rencontrons de tout, même des Québécois. Ce qui enlève, je l'avoue, un peu de l'exotisme de notre voyage, nous qui tentions (je dis bien tentions) de nous fondre dans la population locale. C'est tellement touristique que les indigènes se vètent de costumes traditionnels pour nous offrir la chance de les prendre en photo en échange de quelques soles. Pourtant, dès qu'ils se retournent, on peut apercevoir un jeans hautement ethnique... de marque Levis. Cusco est un tourist trap.
On dit que Cusco est la capitale inca mais ceux qui souhaitent y voir des vestiges seront déçus. En effet, les Espagnols ont quasi complètement détruit l'ensemble des temples incas de la ville afin d'éradiquer cette culture lors de la colonisation. Tout ce qui subsiste sont les restes d'une forteresse qui surplombe Cusco, dont le nom Quechua se prononce comme Sexy Women.
Notre trek de deux jours dans la Vallée Sacrée a été tout simplement extraordinaire. L’ascension a été relativement facile jusqu'à 4400 mètres. À cette altitude, l'oxygène nous manque un peu à l'effort physique. Nous avons passé la soirée dans le camping 5 étoiles (ou 5 millions d’étoiles) et vu des paysages inoubliables. Tous étaient d'avis que nous devrons répéter l’expérience. Pour ceux qui pensent que les enfants peuvent s'emmerder en Trek... ils se trompent. En fait, pour des enfants entre 3 et 5 ans grimpant un col sur plus de 1200 mètres d'altitude sur le dos d'un cheval en se prenant pour des chevaliers, c'est vraiment trippant.
La dernière partie de notre séjour dans la Vallée Sacrée a été la visite d'une des 7 merveilles du monde qui est le Machu Picchu. Cette cité inca presque intacte est encore plus grandiose que les photos que nous pouvons voir sur les publicités. Les montagnes qui entourent le site sont impressionnantes. Le Machu Picchu est situé dans une forêt subtropicale, ce qui ajoute au charme de la cité. Après l'Alambra à Grenade, nous avons maintenant visité 2 des 7 merveilles du monde. Oserons-nous visiter les 5 autres? ...mmmh, à voir!
Anne
Troisième destination : Iquitos. Il s’agit de la plus grande ville insulaire au monde (800 000 habitants) qui n’est reliée à la civilisation que par voies aériennes et fluviales. Point d’entrée touristique pour ceux qui désirent vivre l’expérience de la jungle amazonienne*. On y retrouve une quantité de compagnies qui offrent des séjours isolés dans la Selva, dans des « lodges » sans électricité ou eau chaude. On y a mangé plusieurs sortes de poissons, du capibara, du caïman et bien sûr du poulet et du riz. On a pu savourer d'heureux moments en compagnie de singes apprivoisés, mais bien espiègles, de coatis, d'un anaconda, d'un magnifique toucan et d'un bébé caïman. Les braves parmi nous se sont baignés dans l’Amazone et Jean-Denis, âme charitable, a décidé d’embarquer une jeune tarentule sur son épaule pour notre voyage en bateau (très bel exemple de nerfs d’acier ou de paralysie momentanée ;-)
* Iquitos est moins connu que Puerto Maldonado, site souvent privilégié pour sa proximité de Cusco et son tourisme plus développé.

Pour ceux qui pensent que la jungle et l'Amazone sont des endroits très dangereux remplis de bêtes féroces qui n'attendent que le moment propice pour vous croquer, vous vous trompez. Bien sûr, il faut rester prudents mais l'Amazonie nous offre bien plus. Des familles se sont installées sur les rives du fleuve ou elles se sont appropriées un petit lopin de terre et y cultivent pommes de terre, et quelques autres légumes. Quelques-unes se sont réunies pour former un petit village. Ces villages nous font penser à des villages autochtones du Québec tel Wemotaci. Les eaux de l'Amazone sont brunes et plusieurs débris ligneux y flottent, résultat de la baisse du niveau de l'eau en saison sèche. Le niveau de l'eau peut varier jusqu'à 20 mètres dépendant de la saison. Certaines espèces de dauphins vivent dans l'Amazone dont le rose que nous avons d'ailleurs pu apercevoir à quelques reprises. Plusieurs affluents d'eaux noires, agua negra, se jettent dans l'Amazone. C'est dans ces eaux et à ces abords que vivent les caïmans, piranhas, etc. Nous avons bien tenté pêcher quelques spécimens mais comme le disait notre guide, Arci, les piranhas sont des poissons très timides, fuient le bruit et préfèrent de loin la chair morte. Rassurés, nous avons donc envoyé les enfants s’y baigner.
À notre sortie de la jungle, alors que les enfants et les hommes profitaient de la piscine de l'hôtel et du climat tropical, Annie et moi avons sauté dans une moto taxi et sommes allés virer dans Bélen, un quartier marginalisé d'Iquitos. Bélen se compose de cabanes construites sur des radeaux ou pilotis, qui montent ou descendent au rythme des crues. Cela vous semble plutôt exotique? Détrompez-vous, j'y ai vécu un très gros choc. Les familles habitant Bélen gagnent un salaire quotidien de 25 soles, ce qui équivaut à environ 8 dollars. Ils se nourrissent du poisson que la rivière sous leurs pieds leur fournit, ils s'y lavent, y jouent, y chient. Lors de la saison sèche, le niveau de l'eau descend délaissant des montagnes de détritus et une vase dont vous ne pouvez seulement qu'imaginer la provenance. Une fois la curiosité de cet endroit passée, la réalité nous frappe de plein fouet. L'insalubrité, la misère, le manque d'intimité... malgré tout, les enfants jouent, rient, de petites filles nous saluent à notre passage. C'est là que notre coeur se serre et que l'on ne peut s'empêcher d'avoir la larme à l'oeil. Il est difficile de vous expliquer ce que j'ai ressenti, les mots me manquent. J'espère sincèrement que ces images resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Ça a été pour moi une expérience difficile mais combien enrichissante. Je crois qu'il faut revivre cette expérience à quelques reprises dans une vie afin de bien comprendre que c'est la réalité que des gens vivent et non un mauvais rêve qui a duré environ une heure. ‘’
Anne
Avec notre séjour qui achève, plus que 7-8 mois, nous sommes mieux placés pour dire que le Pérou est un pays à découvrir. L’histoire et la gastronomie sont deux points marquants parmi plusieurs. L’art, la diversité des climats et des régions et les richesses culturelles contribuent à nous sortir de notre zone de confort. Ce voyage en particulier nous a permis de mieux analyser les différences. En ayant les mêmes bases culturelles et un respect mutuel exceptionnel, nous avons pu discuter ouvertement de nos émotions, de nos inconforts et de nos coups de coeur. Ce fut en partie la raison de cette complicité et de la réussite de l’entreprise. Pour ceux qui voient les voyages avec les enfants en bas âge comme un défi insurmontable, vous n’avez qu’à faire comme nous, vous trouver des alliés solides. Merci à Anne et Jean-Denis d’avoir relevé le défi.