samedi 10 décembre 2011

Bilan 2011 des « Pourquoi »

Après 21 mois à Lima et après avoir voyagé pas mal à l'intérieur du pays et discuté avec beaucoup de Péruviens et Péruviennes de tout et de rien, je me sens plus tolérante, plus patiente, plus empathique et beaucoup moins directe. Il y a encore certains aspects de la culture péruvienne que je tolère mais qui m'horripilent autant et d'autres aspects dont je me suis détachée (enfin je pense !) puisqu'il m'est évidemment impossible de changer les mentalités auprès des personnes de mon entourage, si simples ou si évidentes soient-elles. 

Je vous partage quelques questions dont nous connaissons pour la plupart les réponses. Je vous laisse les deviner !

 - Pourquoi le Pérou est le premier exportateur mondial d'asperges mais personne n'en consomme ?

- Pourquoi le Pérou comporte une grande variété de fruits et de légumes frais et les Péruviens et Péruviennes persistent à manger des patates et du riz dans la même assiette à tous les jours ? (on se répète mais chu pu capable !!!)

- Pourquoi le Pérou est rempli de clichés et fait rêver les touristes qui se limitent à Puno, Cusco et Arequipa, quand le Pérou, c'est beaucoup plus que ces destinations ?

- Pourquoi, même après 25 ans, le train électrique de Lima n'est toujours pas en fonction ?

- Pourquoi les magasins (comme les librairies), les restaurants et les chauffeurs de taxi n'ont jamais de change ?

- Pourquoi les employées de maison des riches familles résidant à Asia (lieu estival de référence pour le jet-set de Lima) n'ont pas le droit de se baigner dans les piscines et dans la mer ni d'utiliser les mêmes salles de bain que tout le monde ?

- Pourquoi plusieurs liméens et liméennes entretiennent des relations d'esclavage avec leurs employées de maison et non des relations professionnelles ?

- Pourquoi les habitants de nombreux bidonvilles n'ont pas d'eau courante mais ont accès à Internet ?

- Pourquoi, quand les plus aisés assistent à leur cours avec un ordinateur portable, des milliers d'enfants doivent mendier pour s'acheter un cahier ?

- Pourquoi les parents péruviens ne jouent pas avec leurs enfants ?

- Pourquoi au Pérou, l'école favorise la reproduction des inégalités ? Pourquoi les enfants dont les parents n'ont pas d'argent ne peuvent pas aspirer à une bonne éducation et demeurent donc dans la spirale de la pauvreté ?

- Pourquoi les Péruviens et Péruviennes s'obstinent-ils/elles à payer jusqu'à  40 000 USD comptant pour s'inscrire à un club privé ?

- Pourquoi le linge ici ne me fait pas ?

- Pourquoi je persiste à négocier les taxis que je prends pour me déplacer dans la grande métropole pour sauver 1 dollar ?

- Pourquoi les Péruviens mettent du sucre partout, et pas à peu près ?

- Pourquoi dans les menus pour enfants dans les restaurants il n'y a comme choix de boissons que des boissons gazeuses et qu'il faut négocier pour changer cela pour un jus ou de l'eau et payer un surplus ?

- Pourquoi les collations ici ce sont des biscuits soda ou des biscuits au chocolat ou encore mieux, des biscuits soda au chocolat ?

- Pourquoi dans un hôpital public de Lima, on ne veut pas recevoir une mère et son fils de 10 ans en pleine crise d'asthme puisque ses assurances sont échues ? 

- Pourquoi il faut répéter tous les virages en avance et sur le moment même pour guide les taxis ?

- Pourquoi la seule façon de tuer une coquerelle d'un seul coup c'est avec son doigt (avec un croc en moyenne 2-3 coups, soulier normal 2, tapette à mouche 3-4) ?

- Pourquoi les bons grains de café quittent le Pérou et réussissent seulement à revenir chez Starbucks ?

- Pourquoi une caissière canadienne va aussi rapidement que 4 caissières péruviennes ?

- Pourquoi ça prend environ 20 minutes pour moudre 1 kg de café ?

- Pourquoi les appels entrants des cellulaires ne coûtent rien ?

- Pourquoi l'Internet n'a pas de limites de téléchargement (amont/aval) ?

- Pourquoi mon contrat se termine pendant la période la plus chaude du Pérou pour retourner à la période la plus froide au Canada ?

- Pourquoi il faut présenter son passeport (en plus d'entrer son NIP) en payant avec une carte de crédit à puce ?

- Pourquoi le taux de change des banques est-il toujours moins bon que ceux des changeurs de rue ?

- Pourquoi dans l'espagnol au Pérou il y a des petits "b" et des grands "B" mais pas de "V" ?

dimanche 18 septembre 2011

Ayacucho, séjour au coeur des Andes

Après plusieurs mois d'apparence de pluie et de gris à Lima, même un trajet de plusieurs heures de bus pour découvrir une ville peu connue des touristes est attrayant.  Ce petit périple de 3 jours nous permettra de nous éloigner de la capitale et de découvrir une des régions les plus pauvres du Pérou, où le salaire annuel peut être aussi bas que 500 soles par année (185 $ CAN). Ayacucho, la capitale, est une ville riche en culture et remplie de gens marqués par l'histoire. On la quittera plus tard en se demandant combien de temps encore elle pourra survivre sans l'apport de la modernité.

Il est 16 h 30 lorsque la compagnie d'autobus avec laquelle nous partions pour Ayacucho nous appelle pour nous aviser que notre départ tardif à 22 h 15 est annulé. Des paysans andins bloquent une route pour contester la décision du Président Humala qui veut légaliser l'exploitation de la feuille de coca.  Cette décision entraînera l’éradication de plusieurs milliers d'hectares, gagne-pain de plusieurs d’entre-eux.  Nous évitons donc une situation précaire avec les enfants grâce au service à la clientèle d’une entreprise péruvienne (qui l’aurait cru, certainement pas nous).  Merci Cruz del Sur!

19h00. Nous recevons un autre appel pour nous aviser que la route est débloquée à la suite d'une entente entre les paysans et le gouvernement. Je suis perplexe. J'essaie de vérifier les informations sur Internet et je ne trouve rien. On prend une chance et on fait nos bagages. À 21 h 15, un taxi vient nous chercher. Arrivés à la gare de bus, on débarque pour se rendre compte qu'on a oublié un sac à dos dans le taxi .... contenant, évidemment, notre caméra...   Frustration momentanée, accusations mutuelles entre adultes, pour conclure qu’on devait la changer bientôt. Les photos affichées dans ce billet ont donc été prises avec le Iphone de JP et la qualité peut laisser à désirer.

10 heures de bus de luxe direction Ayacucho.  Bourgade coloniale d’environ 150 000 habitants, intouchée par le capitalisme, juchée à 2700 mètres d'altitude et ou un habitant sur deux parle encore le Quechua. Aucun centre commercial, Home Center ou supermarché à grande surface. C'est mon coup de cœur. Elle vaut le détour pour ceux qui veulent connaître un pays et non seulement ses attractions touristiques. Plusieurs rues pavées de pierres rondes rayonnent autour d’une place d'Armes entourée d’arches de pierres et d'anciennes demeures coloniales. En marchant avec les enfants en toute sécurité, on peut ressentir le pouls de la ville et de ses habitants.

Vieil édifice de pierres





Vue de la terrasse de notre petit hôtel

Rue pavée

Peu d'étrangers se rendent à Ayacucho puisqu'elle est mal reliée aux autres villes andines du Nord et du Sud. La longue route est pénible et sinueuse, armez-vous de Gravol! Les enfants ont d'ailleurs été malades tout juste avant d'arriver. Je n'arrive pas à dormir, la conduite brutale nous projette de gauche à droite, sans compter les freinages fréquents pour éviter les collisions. Je nous imagine plonger tout à coup dans le ravin qui longe le trajet.

Cette région du Pérou a longtemps été évitée par les Péruviens puisqu'elle symbolisait la terreur. C'est dans les années 1970 qu'un professeur de philosophie de l'Université d'Ayacucho, Abimaël Guzman,  a fondé le Sentier Lumineux, un mouvement maoïste révolutionnaire, qui s'est transformé en guérilla armée avec comme objectif de renverser le gouvernement. Le département d'Ayacucho a été, de loin, le plus frappé de tout le Pérou par le terrorisme de ce mouvement et les actes de violence des escadrons spéciaux de l'armée : plus de 10 000 paysans assassinés, 3000 disparus, 50 000 orphelins et 170 000 personnes déplacées. 35 % de la population de la ville a été directement et personnellement touchée et meurtrie. Des partisans de ce mouvement guérilléro agissent toujours clandestinement dans la région. J'ai questionné plusieurs collègues avant de partir pour m'assurer que ce n'était plus dangereux. Évidemment, quelques endroits sont à éviter mais la ville a retrouvé il y a quelques années sa tranquillité. Pour en savoir davantage sur les années terroristes : http:/wikipedia.org/wiki/Sentier_lumineux/fr.

On dispose de 3 jours pour visiter la ville et ses environs. Avec les enfants, on demeure limités dans nos visites :  « J'ai envie», « j'ai faim »,  « je suis fatigué », « non, je veux rester ici ».  Il y a aussi ma préférée :  Adam qui demande « raconte-moi l'histoire de Jésus » chaque fois qu'on entre dans une église. Il y en a 33 à Ayacucho. On en a visité quelques-unes seulement, mais, à chaque fois, il demande l’explication du Chemin de Croix puisque les images peintes varient d’une église à l’autre. Je me dis que je devrais regarder de nouveau Jésus de Nazareth pour me remémorer la chronologie des événements et les noms.

La première journée est relaxe. C'est stratégique puisqu'il faut récupérer de la dure nuit dans le bus. Ayacucho étant reconnue pour son artisanat, on se rend au marché Santa Ana pour y rencontrer un artisan réputé internationalement qui travaille la pierre de Huamanga. Il est là avec un de ses 6 fils. Seul le père sculpte à temps plein, ses fils sont tous professionnels et dédient leur passe-temps à la sculpture sur pierre. Les pièces sont magnifiques. M. Julio Galvez Ramos, homme très simple malgré son succès international, nous accueille chaleureusement dans son atelier.  Il invite Adam et Madeleine à s'initier à ce travail minutieux. Les enfants s'en donnent à cœur joie pendant que nous, enfin tranquilles, faisons le tour de la boutique pour admirer et acheter quelques pièces. À visionner :
http://www.crespial.org/Es/Videos/Detalle/0021/julio-galvez-ramos-a-talla-en-piedra-peru

 

La deuxième journée s'annonce plus difficile. On loue les services d'un chauffeur et d'une guide pour nous amener à 4 heures d'Ayacucho visiter une petite forêt de Puya raimondii, les ruines intihuatana et Vilcashuaman. On vient nous chercher à 6 h à notre hôtel. Après 1 h 30 de route, on s'arrête dans un petit bled pour déjeuner d'une bonne soupe au poulet et nouilles accompagnée d'un bel œuf dur, coquille incluse !
Les enfants ne disent rien et la mangent avec le même appétit que si c'était un bon toast au beurre de peanut! Le chat affamé en-dessous de la table est bien content de recevoir les restes de poulet. Des chiens rôdent autour pour recevoir la même attention mais sont chassés par la propriétaire. La journée est longue mais intéressante. Les enfants nous surprennent à chaque fois. À part quelques chicanes « normales », on ne les entend presque pas.


La Puya raimondii est l'une des plus grandes plantes à fleurs du monde. Cousine de l'ananas, elle peut atteindre plus de 10 mètres de haut. Sa croissance, très lente, peut demander un siècle. La plante meurt après une floraison unique, donnant plusieurs milliers de fleurs blanches. Les rameaux des Puya raimondii comportent des épines auxquelles les moutons s’accrochent. Prisonniers, ils se débattent pour être agrippés par les ramaux supérieurs.  Incapables de se libérer, ils sont abandonnés par le reste du troupeau. C’est pour cette raison que les paysans brûlent la base du tronc de l’arbre qui survit sans problème.



Un lac en forme de Puma, créé artificiellement à l'époque inca,  surplombe les ruines intihuatana





Source de purification datant des sacerdotes incas







Ce vestige inca de Vilcashuaman fait des jaloux. On aimerait bien l'avoir à Cusco, puisqu'il est unique en son genre au pays. Vilcashuaman fut une ville de contrôle administrative et de diffusion de la culture et de l'idéologie inca. Le village actuel du même nom est situé à 3 470 mètres d'altitude et compte environ 1000 habitants.



Faute d'investissements publics et/ou privés, ces pierres sont entassées ici puisqu’on ne sait pas ou elles étaient situées. Le site est malheureusement accessible à toutes et tous; il n'existe à ce jour aucun plan pour sa restauration et sa protection.
 


La population a construit ses maisons près d'un des murs sans considération historique. Plusieurs pierres du site ont d'ailleurs été pillées par la population pour la construction de leurs maisons.






Mur de pierres datant du 14e siècle, en plein cœur du village. L'Église a été construite au 15e siècle par les Espagnols sur les fondations incas du Temple du Soleil et de la Lune.
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Assise sur le parvis de l'Église

La troisième journée nous mène, par une jolie route, à Quinoa un village situé à 3 300 mètres d'altitude. On traverse de belles forêts de cactus (poire cactus) pour s'y rendre. La route est toujours aussi sinueuse et je me demande, aux nombres de dépassements par la gauche que le chauffeur a initié, pourquoi on n'a pas fait de face à face. Seul un coup de klaxon avant la courbe prononcée averti la voiture qui vient du sens opposé. Le klaxon me semble bien inutile à 80 km à l'heure avec 2-3 voitures à dépasser.

On se rend dans le champ ou s'est déroulée la bataille d'Ayacucho, le 9 décembre 1824. À notre arrivée, un jeune garçon persistant d'à peine 10 ans nous accroche pour nous réciter sa leçon d'histoire apprise à l'école. On le regarde éberlué, sans oser couper le flux interminable de dates et de citations intégrales des commandants ayant participé à la bataille  « Soldados…. ». On lui donne 5 soles (environ 1,50$) pour le remercier et le féliciter de sa prestation articulée et intéressante. 




Une randonnée à cheval, l'activité tant attendue des enfants, nous mène à une petite chute.

Au retour de cette balade aux paysages toujours aussi impressionnants, on s'approche des petits kiosques en plein air ou des femmes vendent leur artisanat et d'autres y offrent leurs spécialités culinaires.


 JP et Adam mangent un cuy (cochon d'Inde).  Adam, toujours aussi curieux, dissèque la partie supérieure avec plaisir en demandant à plusieurs reprises « est-ce que ça se mange ça ? ». C'est lorsqu’il m’interroge de nouveau avec un minuscule œil entre ses doigts que j'interviens. Les chiens assis à coté acceptent gracieusement l’offrande. Pour ma part, une vieille dame m'appelle « Mamita, mamita, veux-tu goûter à mon yuyu picante» ? Ça ne me tente pas du tout de manger son plat de patates et de yuyu, plante sylvestre qui ressemble à des épinards. Mais bon, je me résigne, surtout que ça me coûte 75 cents. Elle me sert un gros bol (trois portions normales) que je partage avec Madeleine.  Le reste ira discrètement aux chiens qui assurent la propreté des lieux. Le dîner est « le » repas au Pérou.  Les portions de féculents sont gigantesques (riz, patates, maïs) et bourratives, elles permettent aux gens de passer la journée et la nuit.  Au souper, les gens boivent du thé ou du café mais mangent très peu. Dans la région, il ne pousse que maïs et patates (600 variétés juste à Ayacucho). Ici, plusieurs cultivent à la main ou à l'aide de bœufs, dans un sol difficile de terre dure et rocailleuse.



On se rend à l'obélisque qui commémore la bataille d'Ayacucho en ayant toujours en tête l'intonation du jeune garçon mais en ne se rappelant ni les dates, ni les noms de ceux qui ont participé à la victoire.





                                                                       


Adam et Madeleine se lient d'amitié avec un enfant et son agneau orphelin. C’est le petit garçon et  sa mère qui le nourrissent au biberon.




Forts de ces belles expériences, un mototaxi nous ramène à Quinoa, réputé pour son artisanat. On y achète quelques pièces uniques de la place et on reprend un colectivo (taxi de groupe) jusqu'à Ayacucho. Une autre excusion rapide qui nous permet de reprendre contact avec la vraie réalité péruvienne qu'on oublie parfois dans la grandre métropole de 8 millions d'habitants. 

dimanche 7 août 2011

Le chaos et la diversité de notre marché public

La première employée de maison que nous avons eue était une cuisinière hors pair. Tout ce qu'elle cuisinait était au naturel, varié et délicieux. Elle récupérait tout; pas de gaspillage. C'est grâce à elle que nous avons découvert la Ciudad de Dios, un marché public dans un des quartiers marginalisés à 15 minutes en autobus de chez nous. Là-bas, c'est le chaos, c'est désorganisé, mais on y retrouve de tout. TOUT ! C'est en s'y promenant qu'on se rend compte que ce n'est pas pour rien que le Pérou est reconnu pour sa gastronomie !
Au Pérou, on retrouve 2 800 espèces de patates (et oui, vous avez bien lu!), 35 écotypes de maïs, 150 variétés de patates douces, 15 espèces de tomates, plus 600 espèces de fruits et plus de 2000 espèces de poissons.
Pour moi, me promener dans ce marché, c'est un pur bonheur. J'y amène à l'occasion Adam et malgré son jeune âge, il s'émerveille devant les nombreuses poches de riz, les poules en cage, les tas de patates dans la rue, la grosseur des papayes, la rougeur des piments, les pieuvres et la foule ! C'est le seul endroit ou je sens sa petite main dans la mienne pendant une bonne heure et demie; il ne me lâche pas, concentré sur tous les stimulus qui l'entourent.

Je semble être la seule étrangère à le fréquenter. J'ai mes ''spots'' et on me connaît depuis plus d'une année.  Lorsqu'on mentionne à certains amis et certaines connaissances qu'on fréquente cet endroit,  la plupart ne le connaisse pas et les autres sont surpris de connaître des expatriés qui y font leurs courses.  Ici, c'est bien vu de se payer des fruits et des légumes emballés dans le plastique et le styromousse. Ici, le Marché Jean-Talon, ce serait pour les pauvres (monde à l'envers). Pour les gens de classe moyenne et plus d'ici, le marché public (comme Ciudad de Dios) c'est sale, rien n'est frais, c'est dangereux. C'est certain que la prudence est de mise (comme partout à Lima d'ailleurs).  Par contre, les copies de nos IGA et Métro, aseptisés et surtout très chers, n'offrent pas la variété et la fraîcheur.  À "Ciudad", les poules sont tuées sur place, les poissons frais, pêchés au petit matin, arrivent le matin même au marché et sont découpés en filets devant nos yeux, les fruits et les légumes respirent la fraîcheur. À tout ça, on ajoute la dynamique d'un grand marché public, ou de vrais gens circulent, ou le peuple respire.  Le détour en vaut la peine.

Afin que vous puissiez vous promener virtuellement dans ce marché et vous imprégner de son ambiance mouvementée et de sa diversité, voici quelques photos.  On prend plaisir à y amener nos braves visiteurs canadiens.  Notre ami Francis Novak a réussi à prendre les photos ci-dessous (avant de se faire avertir). 
Bienvenue à Ciudad de Dios !

Ça bouge !

Nos sacs ''Métro'' me sont bien utiles

On oublie la garderie,
on apprend le métier très jeune

Quelques variétés de pommes de terre

Belles grosses carottes : 1 pour 15 cents ou 2 pour 30 cents

Ici, pas de commis avec un ptit "net" dans les cheveux, tout est frais !


Les piments sont superbes !

Fier de ses produits !



J'achèterais tout et je passerais mes journées
à expérimenter la cuisine péruvienne !

La crème de ''zapallo'', une spécialité
de notre amie Vilma !

Olluco, petites patates délicieuses en sauce
avec morceaux de porc ou de boeuf.

Le aji amarillo vient "pimenter" plusieurs
plats

Tout se mange ...

À l'étage de la viande, on choisit son kiosque
(parmi des dizaines) et on choisit sa coupe

Mon p'tit poissonnier me manquera. Non seulement il est sympathique et m'accueille toujours avec un grand sourire, mais ses filets sont vraiment pas chers (ex : 4$ le kilo pour des filets de tilapia)

Poissons des rivières

1 kg de fruits de mer frais pour 5 $

Les dizaines de poules ... Attention, ce qui n'est plus dehors,
on le met dedans.   Ne jetez pas les pattes ici ça se mange...

mardi 5 juillet 2011

Voyager en famille

Par JP

Nous avons passé plus de 13 mois au Pérou sans visiter les classiques du tourisme péruvien.  Nous avons attendu la visite de nos courageux amis pour braver LE voyage qui nous permettrait de les découvrir ainsi que « d’affronter » la jungle amazonienne.  Après une année de rendez-vous Skype, de planifications d’activités dans les 3 grandes régions du Pérou (Côte, Sierra et Selva), d’acrobaties de dates, d’heures et de compagnies aériennes, la famille Grenier-Duchesne est arrivée pour relever le défi avec nous.









Deux couples, 4 enfants en bas âge et trois semaines d’heureux délires et de vie « ajoutée » dans notre appartement, l’édifice en général, les hôtels et les aéroports ! Au Pérou, enfant n’égale pas bruit ou excitation.  C’est comme ça depuis que nous sommes ici. Les petits péruviens, ne crient pas, ne « crisent » pas.  Chez nous, ça saute, ça crie, ça rie, ça pleure, ça se chicane. Bref, on n’entend rien …. sauf nos enfants ! Recevoir des amis québécois et leurs enfants nous a permis de retrouver nos racines, notre culture et de constater que nos enfants sont normaux !




Première destination : Arequipa, avec son volcan actif El Misti et comme objectif principal le Cruz del Condor pour y observer les majestueux oiseaux de proie. À Chivay, petite bourgade de 5000 habitants à 3600 mètres d’altitude, y fait frette ! Il fallait bien geler pour comprendre que le chauffage ici c’est un luxe; pour nous Québécois et Québécoise, c’est un acquis. Nous avons profité des Bains thermaux locaux pour nous réchauffer.  Cinq piscines tempérées ou l’eau se maintient à 38 degrés Celsius et qui provient du volcan Cotallumi et y en sort à une température de 80 à 85 degrés.









Deuxième destination : Cusco ou la « classique » du Pérou. Évidemment, nous avons vu l’une des sept Merveilles du Monde.  Par contre, le chemin prit soudainement plus d’importance que la destination.  Accompagnés d’un guide et 3 chevaux pour les petits, nous avons marché et chevauché.  Pendant ce temps, notre confort était assuré par un muletier, 4 mules transportant bagages, tentes et nourriture. Isolés dans un décor grandiose de montagnes et leurs pics enneigés, les paysages ont défilé sur 20 km en deux jours sans croiser autre chose que taureaux, moutons et lamas. Pour nous tous, le « trek » dans la Vallée Sacrée a volé la vedette à la cité perdue et est rapidement devenu le point marquant de notre voyage.





Cusco est certainement un incontournable. La capitale de l'empire inca est jolie, intéressante et ... très touristique. Probablement que tous les touristes qui viennent au Pérou y passent. Nous y rencontrons de tout, même des Québécois. Ce qui enlève, je l'avoue, un peu de l'exotisme de notre voyage, nous qui tentions (je dis bien tentions) de nous fondre dans la population locale. C'est tellement touristique que les indigènes se vètent de costumes traditionnels pour nous offrir la chance de les prendre en photo en échange de quelques soles. Pourtant, dès qu'ils se retournent, on peut apercevoir un jeans hautement ethnique... de marque Levis. Cusco est un tourist trap.
 On dit que Cusco est la capitale inca mais ceux qui souhaitent y voir des vestiges seront déçus. En effet, les Espagnols ont quasi complètement détruit l'ensemble des temples incas de la ville afin d'éradiquer cette culture lors de la colonisation. Tout ce qui subsiste sont les restes d'une forteresse qui surplombe Cusco, dont le nom Quechua se prononce comme Sexy Women.

 Notre trek de deux jours dans la Vallée Sacrée a été tout simplement extraordinaire. L’ascension a été relativement facile jusqu'à 4400 mètres.  À cette altitude, l'oxygène nous manque un peu à l'effort physique. Nous avons passé la soirée dans le camping 5 étoiles (ou 5 millions d’étoiles) et vu des paysages inoubliables. Tous étaient d'avis que nous devrons répéter l’expérience.  Pour ceux qui pensent que les enfants peuvent s'emmerder en Trek... ils se trompent. En fait, pour des enfants entre 3 et 5 ans grimpant un col sur plus de 1200 mètres d'altitude sur le dos d'un cheval en se prenant pour des chevaliers, c'est vraiment trippant.

La dernière partie de notre séjour dans la Vallée Sacrée a été la visite d'une des 7 merveilles du monde qui est le Machu Picchu. Cette cité inca presque intacte est encore plus grandiose que les photos que nous pouvons voir sur les publicités. Les montagnes qui entourent le site sont impressionnantes. Le Machu Picchu est situé dans une forêt subtropicale, ce qui ajoute au charme de la cité. Après l'Alambra à Grenade, nous avons maintenant visité 2 des 7 merveilles du monde. Oserons-nous visiter les 5 autres? ...mmmh, à voir!
Anne




Troisième destination : Iquitos. Il s’agit de la plus grande ville insulaire au monde (800 000 habitants) qui n’est reliée à la civilisation que par voies aériennes et fluviales.  Point d’entrée touristique pour ceux qui désirent vivre l’expérience de la jungle amazonienne*. On y retrouve une quantité de compagnies qui offrent des séjours isolés dans la Selva, dans des « lodges »  sans électricité ou eau chaude.  On y a mangé plusieurs sortes de poissons, du capibara, du caïman et bien sûr du poulet et du riz.  On a pu savourer d'heureux moments en compagnie de singes apprivoisés, mais bien espiègles, de coatis, d'un anaconda, d'un magnifique toucan et d'un bébé caïman.  Les braves parmi nous se sont baignés dans l’Amazone et Jean-Denis, âme charitable, a décidé d’embarquer une jeune tarentule sur son épaule pour notre voyage en bateau (très bel exemple de nerfs d’acier ou de paralysie momentanée ;-)    




* Iquitos est moins connu que Puerto Maldonado, site souvent privilégié pour sa proximité de Cusco et son tourisme plus développé. 






Pour ceux qui pensent que la jungle et l'Amazone sont des endroits très dangereux remplis de bêtes féroces qui n'attendent que le moment propice pour vous croquer, vous vous trompez. Bien sûr, il faut rester prudents mais l'Amazonie nous offre bien plus. Des familles se sont installées sur les rives du fleuve ou elles se sont appropriées un petit lopin de terre et y cultivent pommes de terre, et quelques autres légumes. Quelques-unes se sont réunies pour former un petit village. Ces villages nous font penser à des villages autochtones du Québec tel Wemotaci. Les eaux de l'Amazone sont brunes et plusieurs débris ligneux y flottent, résultat de la baisse du niveau de l'eau en saison sèche. Le niveau de l'eau peut varier jusqu'à 20 mètres dépendant de la saison. Certaines espèces de dauphins vivent dans l'Amazone dont le rose que nous avons d'ailleurs pu apercevoir à quelques reprises. Plusieurs affluents d'eaux noires, agua negra, se jettent dans l'Amazone. C'est dans ces eaux et à ces abords que vivent les caïmans, piranhas, etc. Nous avons bien tenté pêcher quelques spécimens mais comme le disait notre guide, Arci, les piranhas sont des poissons très timides, fuient le bruit et préfèrent de loin la chair morte. Rassurés, nous avons donc envoyé les enfants s’y baigner.




À notre sortie de la jungle, alors que les enfants et les hommes profitaient de la piscine de l'hôtel et du climat tropical, Annie et moi avons sauté dans une moto taxi et sommes allés virer dans Bélen, un quartier marginalisé d'Iquitos. Bélen se compose de cabanes construites sur des radeaux ou pilotis, qui montent ou descendent au rythme des crues. Cela vous semble plutôt exotique? Détrompez-vous, j'y ai vécu un très gros choc. Les familles habitant Bélen gagnent un salaire quotidien de 25 soles, ce qui équivaut à environ 8 dollars. Ils se nourrissent du poisson que la rivière sous leurs pieds leur fournit, ils s'y lavent, y jouent, y chient. Lors de la saison sèche, le niveau de l'eau descend délaissant des montagnes de détritus et une vase dont vous ne pouvez seulement qu'imaginer la provenance. Une fois la curiosité de cet endroit passée, la réalité nous frappe de plein fouet. L'insalubrité, la misère, le manque d'intimité... malgré tout, les enfants jouent, rient, de petites filles nous saluent à notre passage. C'est là que notre coeur se serre et que l'on ne peut s'empêcher d'avoir la larme à l'oeil. Il est difficile de vous expliquer ce que j'ai ressenti, les mots me manquent. J'espère sincèrement que ces images resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Ça a été pour moi une expérience difficile mais combien enrichissante. Je crois qu'il faut revivre cette expérience à quelques reprises dans une vie afin de bien comprendre que c'est la réalité que des gens vivent et non un mauvais rêve qui a duré environ une heure. ‘’
Anne




Avec notre séjour qui achève, plus que 7-8 mois, nous sommes mieux placés pour dire que le Pérou est un pays à découvrir.  L’histoire et la gastronomie sont deux points marquants parmi plusieurs.  L’art, la diversité des climats et des régions et les richesses culturelles contribuent à nous sortir de notre zone de confort.  Ce voyage en particulier nous a permis de mieux analyser les différences. En ayant les mêmes bases culturelles et un respect mutuel exceptionnel, nous avons pu discuter ouvertement de nos émotions, de nos inconforts et de nos coups de coeur. Ce fut en partie la raison de cette complicité et de la réussite de l’entreprise.  Pour ceux qui voient les voyages avec les enfants en bas âge comme un défi insurmontable, vous n’avez qu’à faire comme nous, vous trouver des alliés solides.  Merci à Anne et Jean-Denis d’avoir relevé le défi.






















dimanche 8 mai 2011

Le chocolat fait place aux pétales

Au Pérou, près de 3000 fêtes populaires sont célébrées chaque année. La plupart de ces fêtes sont organisées autour d'un Saint patron et sont soigneusement adaptées aux croyances religieuses d'une région particulière. Une fête traditionnelle péruvienne est un moment de rassemblement ou le sacré et le profane se côtoient dans une seule et même manifestation. Ces célébrations sont nourries de messes, de processions, de défilés, de foires artisanales et agricoles ainsi que de danses et spectacles de toutes sortes. Pendant la Semaine Sainte, nombreux fidèles se donnent rendez-vous dans les montagnes andines pour festoyer en famille et se commémorer la Résurrection du Christ.

Nous avons décidé de nous rendre dans la petite ville de Tarma, connue aussi sous le nom de ''Perles des Andes'' pour son climat agréable, l'abondance de ses fleurs et ses paysages magnifiques. Située à 3050 mètres d'altitude, elle n'est qu'à 6 heures de Lima en bus. Un collègue m'avait dit que Pâques s'y vivait d'une façon bien particulière et que le détour en valait la peine.

Je vous partage quelques instants de cette fin de semaine en photos.

















Les familles s'unissent pour enlever les pétales des fleurs
 qui garniront les mosaïques

Les pixels naturels
 
La population utilise des grains de café pour délimiter les couleurs
avant de déposer les pétales de fleurs.


















On en profite pour recréer des scènes de la vie quotidienne.
 
Le Christ ressuscité est transporté sur son anda
autour de la place centrale et les belles mosaïques disparaissent
sous les pieds des fidèles.




























Danse traditionelle et défilé le dimanche de Pâques













Vendeur (Dollarama) ambulant.















Les musiciens




Poires cactus prises à la source


 

On en a évidemment profité pour visiter le coin. En 1 heure, les montagnes froides se transformaient en amazonie chaude.




Baignade au pied d'une chute parmi les Morphos bleus



Ce rongeur mange le fruit du cacao. On le chasse, on le mange, mais il peut aussi devenir un bel animal domestique.




Marie-France et Stéphane

Une petite truite en montagne